wake me up when it's all over (baby)

baby prend ses mains. au contact de cette douceur, une vague de chaleur envahit beaver et il éprouve une once de réconfort. home is where the heart is, cette citation n'a jamais aussi bien pris son sens que lorsque baby est auprès de lui. elle le supplie de la regarder et beaver s'applique, tant bien que mal, ravalant sa peur de lire du dégoût sur son visage angélique. il n'en est rien. elle est certes troublée mais elle ne le regarde pas comme une ordure, un monstre. beaver inspire et expire lentement. quand il a eu des séances de psys pour calmer ses excès de violence et un surplus d'émotion, c'est ce qu'on lui a appris à faire. il ne le fait jamais mais là, son angoisse est tellement intense qu'il s'y risque : sait-on jamais si cela fonctionne réellement. il est toutefois rassuré d'entendre baby dire que c'est une erreur, que les flics se trompent. je te ferai jamais de mal, babe, tu le sais ? demande-t-il tant pour se rassurer que pour la rassurer, elle. beaver voudrait pouvoir la prendre dans ses bras, poser ses mains au creux de ses reins et la serrer contre lui pour la rassurer mais également se rassurer que tout ira bien. sauf que rien n'ira bien, il a ce foutu pressentiment qui le hante depuis son interpellation. j'ai déjà un casier pour des faits de violence alors pour eux, c'est du tout cuit, explique beaver. pour le moment, il préfère passer sous silence d'autres détails comme l'identité de celle qui a été tuée. parce qu'il n'a jamais dit à baby comment il a pété les plombs quand primrose l'a quitté. il n'avait pas envie de passer pour un fou, un stalkeur. ce qu'il était, concrètement ; il l'admet désormais avec du recul, c'était trop extrême. baby, j'comprendrais que ce soit trop difficile pour toi. on est pas ensemble depuis longtemps et j'suis accusé de meurtre. j'te demande juste d'être honnête avec moi si tu m'repousses, je supporterai pas de ne pas savoir que tu ne veux plus de moi. elle n'a que dix-neuf ans et même plus âgée, c'est une épreuve difficile que de voir la personne avec qui l'on est, dans une telle situation. il n'est même pas certain de ses sentiments alors il comprendrait qu'elle parte en courant vers un esprit moins tordu que celui de beaver. tout ce que je veux, c'est que tu sois en sécurité. beaver se mordille la lèvre inférieure avant de détourner le regard. il a peur. peur de la perdre, peur qu'elle le croit coupable finalement, peur d'être réellement coupable, peur d'aller en prison.

Beaver n'est pas tranquille, Baby le voit, Baby le sent aussi sous ses doigts. En fait elle sent tout Baby, autant l'odeur de la moisissure qui s'installe dans les murs que l'odeur de l'innocence chez Beaver. Elle sent même la connerie émanée par ces officiers qui foutent leurs foutus sucres dans ces foutus cafés tièdes, essentiellement composés d'eau et d'âmes. Cafés qu'elle écraserait bien sur leurs figures de vils serpents, le gobelet en plastique compris bien évidemment. Chose qu'elle ne fera cependant jamais, pas même morte. Trop polie, trop coincée pour défier l'autorité sans doute. Et puis même, ce n'est pas l'heure de faire des idioties, pas l'heure de finir derrière les barreaux en même temps que Beaver. Baby derrière les barreaux, ça sonne ridicule non ? Oui, et ça l'est. Jamais elle ne reverrait Beaver si elle faisait ça, déjà que sa mère n'était pas trop pour qu'elle vienne le voir ici, dans cet endroit qui pue l'impureté à ses yeux. Je te ferai jamais de mal, babe, tu le sais ? Oh que oui qu'elle le sait, et jamais elle ne va douter de lui. Baby hoche la tête en souriant, elle sent son cœur qui s'emballe, elle sent ses joues chauffer. Voilà ce qu'il se passe quand Baby aime. Elle s'emballe, en silence cependant. Entre deux chansons de Dirty Dancing, l'amour se glisse. Mais entre quatre murs, la bêtise éclate. Baby fronce les sourcils en entendant les mots de Beaver, des mots qui arrêtent net la musique dans sa tête, des mots qui, dans un lointain brouillard, explosent un à un. Beaver, tu rigoles j'espère ? Baby, elle n'arrive pas à être sévère, autoritaire, alors cette question sonne inoffensive alors que dans sa tête elle représente une tornade. Peut-être qu'on est ensemble depuis peu, mais ce n'est pas prêt de s'arrêter. L'éternité c'est long, tu sais ? Baby inspire, puis expire et entre deux battements de cœur, elle reprend. Ce n'est pas parce que tu es accusé de meurtre que tu es un monstre, que je vais m'enfuir en te voyant. D'ailleurs quelle idée stupide ! Tu es innocent Beaver, j'en suis sûre et certaine. Baby se penche un peu plus en avant tout en gardant les mains de Beaver dans les siennes. Je vais tout faire pour prouver ton innocence, même si tu ne le veux pas. Parce que je t'aime. Baby se mordille la lèvre inférieur alors que la vérité vient de sortir de sa bouche. And nobody puts Beaver in a corner. Rajoute-t-elle en souriant.

Le sourire de Beaver, c'est son soleil à elle. Et même pas besoin d'être dehors pour être éblouie et réchauffée. Ce sourire, Baby ne le voit que peu, que trop rarement, mais dieu seul sait à quel point elle profite des moments où il dessine les lèvres de Beaver, dieu seul sait à quel point elle l'aime, ce sourire. Une douce chaleur se répand alors dans son être tout entier. Le sourire de Beaver est communicatif, celui de Baby s'élargit encore jusqu'à chatouiller les nuages. C'est Johnny, le mec qui caresse les aisselles de Baby. Mais si tu me fais ça à moi, je ne suis pas sûre de réagir comme la véritable Baby. Je veux dire, je risque de te frapper sans le vouloir et tout ça pour une histoire d'aisselles. Et elle rit. Baby ce n'est pas approprié voyons, pas ici, pas maintenant ! Tais-toi immédiatement ! Baby se rend compte de ce qu'elle fait et pose une main sur ses lèvres, chasse les derniers rayons de soleil qui s'y en échappent. Je suis désolée ... S'excuse-t-elle, gênée. Baby n'aime pas son rire, d'habitude, à chaque fois qu'il essaye de s'enfuir, elle le retient par les bords de sa chemise. Même en présence de Beaver. Surtout en sa présence, en fait. Peut-être parce qu'elle a peur qu'il prenne peur en l'entendant. Là, le tissu a glissé sous ses doigts, il lui a échappé. Elle essaye de camoufler sa gêne par un sourire, mais, étrangement, elle échoue. Baby s'est éloignée du sujet, un peu loin même. Alors elle rejoint la rive à la nage, manque de couler, mais se rattrape à des bouées imaginaires. Tu crois vraiment que ça va m'empêcher de t'aider ? Je peux et je veux le faire. Je ne veux pas te laisser seul dans ce truc.   Baby fait une pause pour réfléchir, puis soupire. Je vais trouver un moyen de te sortir de là Beaver, mais ça va être dur. Je sais que tu veux me protéger, mais je ne suis plus une petite fille, même si des fois les gens me disent le contraire. Une pointe de douleur ponctue sa phrase, oui, les gens la pensent encore gamine car elle aime les disneys, car elle aime dirty dancing, car elle connait les répliques par cœur, car elle raconte des blagues immatures, car elle est elle-même et ça lui fait mal, même si elle refuse de l'avouer.  Personne ne trouvera à propos de nous, je sais mentir, je vais construire un plan, je vais chercher des indices, je vais ... te sortir de là ! Les mots se coincent dans sa gorge, Baby sent arriver l'ouragan. Non non non Baby pleure pas, pas là ! Trop tard, des larmes roulent sur ses joues sans qu'elle ne puisse les contrôler. T'es pathétique Baby, vraiment.

elle lui fait un topo sur dirty dancing que beaver a toujours refusé de regarder car il estime que ce n'est pas viril. mais il se promet de le faire, pour elle, pour lui faire plaisir. ils arrivent à plaisanter dans une salle d'interrogatoire, c'est pour dire combien ils sont dans leur bulle à eux deux. depuis qu'il connait baby - plutôt depuis qu'ils sortent ensembles -, beaver ne touche plus terre. il est heureux. il ne sourit peut-être pas tout le temps mais son coeur, lui, a chaud, est ensoleillé. il entend le rire de baby et il rit aussi, à son tour, malgré les menottes aux poignets. il rit parce que son rire est atypique et solaire, parce qu'elle immisce du bonheur dans un moment si dramatique de son existence. arrête de te cacher quand tu ris, qu'il lui dit doucement alors qu'elle s'excuse. beaver lève les yeux au sol avec un sourire en coin. tu n'as pas à t'excuser de quoi que ce soit, baby. cette vanne est mon rayon de soleil de la journée et sûrement le seul avant un moment. son sourire s'affaisse. il ne sait rien de la justice. il ne sait pas combien de temps il va reste en garde à vue pour meurtre. pour violence, pour état d'ivresse, beaver connaît bien. pour détention de substances illicites aussi. mais pour meurtre avec préméditation, gros point d'interrogation. baby affirme sa volonté de le soutenir. beaver est touché. sincèrement. il plante son regard dans le sien. j'aurais jamais pensé avoir une fille comme toi. beaver, c'est quand même un sale type. aristote, lui, est bien plus sage. et pourtant, il a baby et il ne compte pas la lâcher. l'éternité, répète-t-il pour reprendre les mots précédents de la blonde. il rêvasse, beaver, à ce moment-là mais quand il entend la voix de baby se briser, il retombe brusquement sur terre. oubliant ses menottes, il tente de se lever mais une vive douleur dans les bras le rappelle à l'ordre et il est contraint de se rasseoir. c'est moi l'inspecteur - inspecteur barnaby -, plaisante-t-il mais le coeur n'y est pas. puis les larmes roulent sur la joue de la blonde. elle craque. baby, baby, pleure pas s'il te plaît. j'peux pas mais crois-moi, je voudrais te prendre dans mes bras. te dire au creux de l'oreille combien tu comptes à mes yeux, combien tu comptes dans ma vie. j'te jure, si je m'en sors, baby, tu prends perpétuité avec moi

L'ouragan ravage Baby, malheureusement des dégâts importants sont à déplorer. Habituellement, Baby est, mentalement, quelqu'un de forte. Mais pas aujourd'hui, elle ne peut pas, c'est au dessus de ses forces. Elle sera forte un autre jour, quand les barrages seront plus résistants et que l'eau ne passera pas par dessus. Les mains de Baby, entre celles de Beaver, tremblent violemment. Baby tente de les calmer, mais elle n'arrive pas. C'est bien trop compliqué, Baby a l'impression de ne plus avoir le contrôle de son corps. Elle commence à être énervée, elle retire ses mains enfermées dans celles de Beaver et se cache le visage avec. Comment en étaient-ils arrivés là ? Pourquoi ces officiers veulent à tout prix l'enfermer lui, l'homme qu'elle aime ? Calme-toi Baby, calme-toi ! ça va aller, ça va aller ... Son murmure s'égare entre ses doigts, elle oublie presque que Beaver la regarde. Beaver. Elle retire ses mains pour dévoiler son visage sans doute complètement gâché. Ses yeux sont sans doute rouges, gonflés, remplis de colère et de tristesse, et d'impuissance. Je suis désolée, je n'ai vraiment pas envie que tu vois ... Elle pointe du doigt son visage. Ce truc. Elle soupire entre deux hoquets. C'est juste que ça fait beaucoup en même temps et que te voir ici me tue. Tu ne mérites même pas d'être là, dans ce foutu commissariat rempli de foutus officiers incompétents ! Elle essuie avec l'une de ses manches ses joues. Tu vas t'en sortir Beaver, t'as intérêt ! Vraiment, et quand tu sortiras de là, comme tu le dis, je prendrai perpétuité et ce sera ma première et ma dernière condamnation. Une putain de belle condamnation !

Son cœur rate un battement, comme celui d'un funambule inexpérimenté qui raterait la corde sur laquelle il est perché. Un silence assourdissant prend possession de la pièce, tourne inlassablement autour deux, danse avec leurs pensées. Il mélange celles de Baby, elles se dispersent aux quatre coins du monde, se perdent dans la foule, quelques unes s'éteignent beaucoup trop essoufflées. Alors cette femme, c'était son ex ? Mais il n'a pas pu la tuer, ce n'est pas possible, Beaver ne ferait jamais ça, c'est une évidence ! Ce n'est pas parce que cette femme morte était son ex qu'il l'a forcément tuée voyons, c'est stupide. Cette femme, jetée dans ce lac, avait-elle un amant ? Un amant jaloux, violent, possessif ? Un amant qui lui serait le tueur ? Ou alors, si l'amant n'existe pas, avait-elle une vie cachée, une vie malsaine dans laquelle elle se serait noyée ? Là où le tueur l'aurait attendue, tapi dans les marécages ? En tout cas, ce n'est pas Beaver qui l'a mise dans le lac. Tandis que quelques larmes sauvages roulent encore sur les joues de Baby, ses sourcils se froncent. Elle serre les dents. Alors, ils t'ont accusé à tort à cause de ça ? Parce que cette femme était ton ancienne petite-amie ? J'en suis sûre qu'ils n'ont même pas cherché plus loin ! Baby est en colère, Baby veut tout casser. Baby a horreur de l'injustice, de ces officiers qui ne pensent qu'à leur petite personne, qui ne cherchent qu'à boucler une affaire complexe en deux secondes à peine. Baby reprend les mains de Beaver dans les siennes, les serre un peu fort, se penche en avant. Ce que je veux dire c'est qu'ils sont tellement consumés par la flemmardise qu'ils ne veulent même pas prendre la peine de courir après quelqu'un qui se trouve, à l'heure qu'il est, sans doute dans un autre Etat. Où peut-être est-il toujours en ville ? Peut-être rode-t-il toujours ? Baby n'en sait rien, à vrai dire, elle ignore à peu près tout. Quelques jours auparavant, elle apprenait que Beaver avait été arrêté pour une raison qui lui était encore inconnue et quelques temps auparavant, elle entrait dans ce commissariat tout en se demandant ce qui l'attendait. Elle affronte l'inconnue, donc. Une inconnue qu'elle n'a jamais autant côtoyé avant. Et dire que l'arrestation de Beaver n'a pas changé sa vie serait un mensonge, car maintenant Baby doit maintenant sauver la vie de Beaver pour sauver la sienne. Parce que si Beaver se retrouve enfermé dans une prison miteuse, Baby se retrouve, elle, renfermée sur elle-même, consumée par la tristesse de la perte de l'être aimé. Peut-être qu'eux ne foutent rien pour rétablir la vérité, dit-elle, un peu fort, tout en pointant du doigt la porte fermée qui se trouve à leurs côtés, Mais je te promets que moi je vais le faire ! je ne compte pas passer mes journées assise sur mon canapé sans rien faire ! Je te promets Beaver, je te le promets.

baby pleure et ça lui brise le coeur. il a simplement envie de la prendre dans ses bras, de caresser ses cheveux blonds et de lui murmurer des mots d'amour qu'il pense, au plus profond de son coeur mais il ne peut rien faire, ses mains menottées à cette table qu'il aimerait envoyer valser. baby crie à l'injustice quand lui, dans sa tête, pense effectivement comme les flics : c'est logique. y'a son casier qui rentre en jeu, lourd passif entre lui et la victime. ça, baby l'ignore et il souhaite le garder pour lui. il n'a pas envie qu'elle le voit comme le harceleur paumé qu'il était, il y a quatre ans. c'était alors encore un gamin qui ne comprenait pas qu'une peine de coeur est éphémère et que mieux l'attendait. ce qui l'attendait, le mieux, c'est elle. baby est en colère et beaver l'a rarement vu ainsi. voir jamais. il la regarde, attentivement. beaver cherche à mémoriser les doux traits de son visage, aussi. forcément, comme il lui cache des choses, des preuves, baby se révolte et crie à l'injustice. beaver la laisse faire, impuissant, incapable de lui en dire plus sur sa situation même si lui mentir, c'est mal. beaver c'est un sacré menteur mais pas avec baby. depuis qu'ils ont décidés de flirter ensembles puis d'officialiser, il a toujours été droit et honnête. pour elle, il a même sacrément diminué tant sa consommation d'alcool que d'herbe, pour être moins toxique, plus équilibré. un mec bien. plus comme ari, son jumeau. baby, s'écrie beaver alors qu'elle s'emporte définitivement. baby, répète-t-il, plus calmement. ne te mets pas en danger en décidant vouloir me sauver. je ne me le pardonnerai jamais s'il t'arrivait quoi que ce soit. leur amour est sincère, pure et puissant. sa mère le lui a dit : elle n'a jamais vu un si jeune couple - en durée - si soudé et qui parait tant s'aimer. et c'est vrai, beaver a l'impression qu'on ne peut pas aimer plus qu'il ne l'aime, elle. je veux que tu sois forte, baby. qu'importe ce que les journaux ou les gens diront sur moi, je veux que tu tiennes le coup et que tu te souviennes du mec que je suis avec toi. avec toi, je suis pas beaver le sale con, je suis juste moi, je suis barnaby et l'oublies jamais. cela fait des années qu'il n'a pas prononcé lui-même son prénom. depuis qu'il a six ans, il se fait appeler beaver et l'impose à tout le monde mais ce soir, il tient à faire le distinguo entre beaver celui qui est accusé, qui a souvent les yeux injectés de sang et l'haleine alcoolisé et barnaby, le mec amoureux de baby.

Baby ne tient plus, elle lâche tout. Les vannes s'ouvrent, laissant ainsi l'eau salée s'écouler. Elle n'en peut plus, elle a mal. Mal partout, dans ses poumons tant qu'elle a envie de crier, dans sa tête à force de penser, dans son cœur à force d'aimer. Elle veut tout que soit bien fait, Baby. Généralement, elle veut que tout aille bien. Elle fait d'ailleurs toujours passer son bonheur au second plan, après celui des autres, car quand ses proches sont heureux, elle l'est aussi. Elle est comme ça, Baby, elle vit au rythme des états d'esprit des gens qu'elle aime. Elle s'en imprègne pour refaire le monde. Son monde. Lui, maintenant, il s'écroule. La lune et ses étoiles s'éteignent, le plongeant ainsi dans le noir, les fleurs fanent, meurent, disparaissent tandis que les rafales de vent ravagent tout. Baby lève les yeux au ciel afin de diminuer le nombre de larmes, mais c'est un cuisant échec. Elle a rarement pleuré ainsi, du moins devant quelqu'un. Elle a toujours eu le cœur solide, a toujours su se contrôler pour exploser le soir, quand aucun spectateur n'était là pour voir le spectacle. Elle a toujours eu l'habitude de se cacher dans ses draps pour laisser les larmes couler, et de s'y endormir fatiguée d'avoir trop pleuré. Mais là, mais là c'est différent. Elle panique un peu, Baby, parce qu'il ne l'a jamais vue comme ça. Ses yeux vagabondes dans toute la pièce, elle essaye de se calmer, mais c'est compliqué alors elle regarde Beaver. Mais ça ne la calme pas, alors elle en conclut que seul le temps pourra sécher ses larmes. Comment veux-tu que j'oublie l'une des plus belles choses qui soit arrivée dans ma vie hein ?  Elle tente de sourire entre deux hoquets. Et c'est vrai, elle n'oubliera jamais qui il est. Parce qu'elle l'aime et que même la fin du monde ne pourra l'empêcher de le faire.   Et je ne vais pas croire ces gens, je ne vais pas croire les journaux et la télévision non plus. Parce que je te crois, j'ai confiance en toi, et je sais qui tu es alors que ces gens, ces vautours ne connaîtront jamais la vérité. Jamais parce qu'ils vont répéter que ce qu'ils entendent : des mots dénués de vérité, gorgés de mensonges. Ils ne savent pas qui est véritablement Beaver, et c'est bien dommage.

encore une fois, les mots de baby le rassure et surtout, lui font du bien dans une telle épreuve. beaver se demande ce qu'il a pu faire de bien dans son existence pour avoir une femme comme elle, à ses côtés, absolument prête à tout pour l'aider. t'es une merveille, souffle beaver en plongeant son regard dans le sien. la voir aussi effondrée lui brise le coeur. il fait tout pour ne pas craquer, convaincu que s'il le fait, elle n'ira pas mieux. il ravale sa salive, il relève le menton. il fait tout pour paraître fier même si au fond, beaver se sent détruit. le brun jette un coup d'oeil à l'horloge murale. il ne leur reste pas longtemps alors il veut absolument en profiter. il cramponne ses doigts à ceux de baby, les crochètent même. merci du fond du coeur d'être là, d'être toi, baby. je te promets, si je sors ... hm, plutôt dès que je sors, on en profite, on vit tout ce qu'on a à vivre ensemble, à fond. beaver lui est tellement reconnaissant. elle ne fuit pas, du moins pas pour le moment et même si elle pleure, elle reste forte et déterminée. toutefois, beaver ne tient pas à ce qu'elle mène son enquête : il ne veut pas qu'à terme, ça se retourne contre elle. il a bien essayé de l'en dissuader mais sa blonde est une véritable tête de mule. il ne pourra pas lui sortir cette idée-là de la tête. promets-moi de ne pas rester toute seule, pas dans cet état, okay ?. beaver penche la tête pour mieux l'observer et capturer son image dans sa mémoire. il jette un coup d'oeil par le petit hublot de la porte et n'aperçoit aucun flic. tant mieux pour l'idée qu'il a en tête, le beaver. approche-toi que je t'embrasse, dit-il en se penchant du mieux qu'il le peut à cause de ses menottes. sa bouffée d'espoir arrive, elle est là, dans ce baiser qui ne peut pas être si fougueux qu'il le voudrait mais qui est si rassurant et réconfortant.

En sortant de là, Baby sera changée, elle en est sûre et certaine. Elle a un but maintenant, Baby. Elle a promis qu'elle allait faire quelque chose, et quand Baby promet, elle le fait. Et même si Beaver n'est pas pour qu'elle l'aide, pour une fois, elle ne va pas l'écouter. Parce qu'elle veut et doit le sortir de là, quoi qu'il arrive. Baby sait que ça va être compliqué, mais, dans quelques temps, quand elle aura réussi, elle sera fière d'elle. Elle aimerait savoir ce que ça fait de s'aimer soi-même, de se dire merde je l'ai fait !, de se dire qu'elle a été utile et qu'elle a sauvé la vie de quelqu'un, et de la sienne au passage. Mais pour l'instant, elle n'en est pas là. En pensant au futur, Baby oublie la réalité, elle redescend donc un peu brutalement sur terre. Baby se rend compte qu'ils n'en ont plus pour longtemps, que le temps avance. Beaver le remarque aussi, Baby le voit jeter un coup d’œil à l'horloge murale qui leur crie que la fin est proche. Baby grimace, les sillons tracés par ses larmes sont reflétés par la lumière accrochée au plafond. Et puis elle sent ses doigts se refermer un peu plus dans ceux de Beaver. Baby ne veut pas le quitter, elle veut rester à ses côtés jusqu'à la fin, mais elle se rend compte que c'est impossible. Elle ne peut pas rester avec lui h24, et puis rester dans cette pièce, là où elle a semé sa colère et sa tristesse, là où son désespoir résonne encore, la mènerait à la folie. Peut-être c'est mieux de partir, pour sa santé mentale. En tout cas, ce qu'elle sait, c'est que Beaver va atrocement lui manquer jusqu'à leur prochaine rencontre. Elle le regarde, elle l'écoute parler, puis elle lui promet, encore. Billy et Ronnie seront là, je ne serai pas seule, je te promets. elle lui sourit, puis il demande à l'embrasser. Et elle n'hésite pas. Elle se lève un peu, se penche en avant et pose ses lèvres humides sur celles de Beaver. Dans ce baiser, des tonnes de promesses se font. Des promesses silencieuses que Beaver n'entend peut-être pas, des promesses qui annoncent une autre rencontre sans doute imminente, des promesses qui disent ne t'inquiètes pas Beaver, je vais te sortir de là, je t'aime.

beaver est rassuré que baby n’affronte pas cela seule et qu’à priori, ses sœurs la soutiendront dans cette épreuve. car littéralement, cette accusation ne met pas en péril seulement la vie du brun et son équilibre mais celui de sa famille, de ses amis dont reyna, la meilleure amie, mais également de baby qu’il fréquente depuis plusieurs semaines. beaver réclame un baiser. il en a besoin, pour se donner du courage et elle lui en donne un, intense en émotion. le jeune homme en est bouleversé et tente de masquer son trouble alors qu’il frotte doucement son nez contre celui de baby. et puis finalement, ça y est, quelques minutes après elle, il lui dit ses trois mots précieux. je t’aime, jane. il ne l’as plus dit à personne depuis primrose et ça remonte à presque cinq ans, désormais. pas même à sa mère ou à quelqu’un de son entourage. beaver, il est ainsi. il ne montre pas ses sentiments et ils ne les prononcent pas non plus mais c’est plus fort que lui, à cet instant : son instinct et ce qu’il éprouve dépasse sa raison. alors il articule ses mots qui l’ont tant touchés, tout à l’heure quand baby lui a dit. c’est la première fois qu’il lui dit et qu’il l’appelle jane, son véritable prénom. elle ne lui a jamais dit mais visiblement, c’est assez instructif quand sa copine est une très bonne amie de sa sœur et c’est comme ça qu’il a su l’information, en taquinant sa sœur pendant des heures pour l’obtenir. ma sœur te tiendra au courant. elle m’a promis, en venant tout à l’heure, de faire l’intermédiaire pour que tu sois tenu au courant de toutes les avancées et de mes droits de visite.

Baby ne peut s'empêcher de rire. Jane ? Comment sais-tu mon vrai prénom ? Demande-t-elle alors qu'elle connait parfaitement la réponse. Il n'y a qu'un seul moyen qu'il sache ça, cette information qu'elle aurait aimé garder pour elle-même. C'est Tez, c'est ça ? Rajoute-t-elle en souriant. Elle n'attend pas de réponses, elle sait très bien que c'est sa meilleure amie qui a divulgué cette info-là. Peut-être lui en a-t-elle donné d'autres, des infos. Mais dans tous les cas, Baby ne lui en veut absolument pas. De toute façon, Beaver l'aurait appris tôt ou tard et Jane, ce n'est pas vraiment un vrai secret. C'est juste un prénom banal qu'elle cache derrière un surnom qui fait référence à un film qui a bercé son enfance. Et puis, Beaver n'a qu'à prendre sa carte d'identité et il y verra tout ; de son nom complet à sa date et son lieu de naissance. Baby, elle écoute Beaver dire que Tez sera leur messagère, qu'elle établira la connexion entre eux pendant quelques temps. J'espère bien être au courant. Murmure Baby avant d'embrasser une nouvelle fois Beaver sur les lèvres. Un baiser doux, un baiser dont Baby a besoin pour surmonter les épreuves à venir. Un baiser qu'elle pourrait reproduire des millions de fois si elle le pouvait. Seulement voilà, elle ne peut pas. Et pour cause, le temps file, les aiguilles semblent tourner à une allure folle dans l'horloge. Je ne veux pas partir ... Gémit Baby contre les lèvres de Beaver. A-t-elle vraiment le choix, de toute façon ? Je viendrai te voir le plus possible, on passera du temps ensemble, d'accord ? C'est encore une promesse. Une promesse faite à elle-même, cette fois-ci. Ne l'abandonne jamais Baby, tu m'entends ?  

entendre baby rire fait sourire beaver. elle lui demande comment il sait qu’elle s’appelle jane puis trouve la réponse elle-même : question réthorique. effectivement, tez lui a fourni cette précieuse information mais non sans peine : beaver l’a interrogé voir tanné pendant des jours entiers pour obtenir cela. il s’attendait à un prénom plus honteux que jane pour mériter un surnom habituel comme aristote ou barnaby ; à croire que les parents kennedy ont des goûts douteux en matière de prénom. jane, beaver trouve que c’est tout doux comme prénom, innocent et aussi angélique que baby mais le côté affectueux de ce surnom le séduit par sa dimension sentimentale. baby, bébé, il peut la surnommer à sa guise dans des moments qui n’appartiennent qu’à eux. de nouveau, la blonde l’embrasse et beaver veut que ce baiser ne s’arrête jamais. or, c’est trop beau pour être vrai : un policier ouvre la porte alors très vite, beaver se rassoit dans un soupir sur sa chaise. il se mordille la lèvre. il ne veut pas, il refuse catégoriquement, qu’on sache qu’ils sont ensembles. tant pour baby qu’égoïstement, pour lui. – merci, d’être venu, baby, dit-il avec un regard appuyé, les yeux dans les yeux. il ne peut plus glisser de mots tendres alors il espère que son regard lui fera passer le message sur ce qu’il éprouve. beaver tient à ce qu’elle le sache, baby.

C'est l'heure. Baby voit, du coin de l’œil, la porte s'ouvrir. Elle sent le courant d'air qui stagnait dans le couloir venir s'abattre sur elle. Dès qu'elle voit l'uniforme, Baby comprend. Elle doit partir, laisser Beaver seul, repartir chez elle avec un trou béant dans la poitrine. Lentement, Baby retire ses mains de celles de Beaver. Immédiatement, le froid les enveloppe. Elle se sent déjà vide, déjà vidée d'énergie. Elle ira sûrement se cacher sous sa couette en rentrant à la maison, peut-être qu'elle dormira, peut-être qu'elle pleurera, peut-être ... Elle n'en sait rien, elle ne peut pas lire dans les lignes de la main du futur, malheureusement. Elle aurait aimé pouvoir contrôler le passé, le présent, le futur. Pouvoir contrôler ce qu'il se passe autour d'elle, comme ça, elle aurait évité la tempête. Mais voilà, Baby, elle n'est qu'elle. Elle n'est pas particulière, elle n'a pas de pouvoirs particuliers, elle n'est pas Mère Teresa ni même Dieu. Baby, elle est ... Baby. Elle est cette Baby-là qui aime un meurtrier que le monde accuse à tort, cette Baby qui n'a pas vécu dans la richesse, qui n'a pas fait d'études et qui travaille au downtown bookstore pour pouvoir payer le loyer. Baby, elle est banale. Et elle aurait aimé que sa vie se déroule autrement. De rien, Beaver. Baby se lève tout en gardant le contact visuel avec Beaver, s'époussette, puis se dirige vers l'officier qui s'impatiente. La tristesse saisit son être tout entier. Elle a vu ces messages qu'il lui envoyait, à travers ses yeux. Elle a tout vu. Alors que l'officier tourne le dos, Baby articule un je t'aime et lui fait un bref signe de main. Et la porte se ferme, les étoiles s'éteignent, puis, une à une, dans une nuit noire, elles explosent. Baby fait le chemin en sens inverse, en marchant dans l'ombre.