don't stop believing (chris)

t'as fini plus tôt jolie poupée. et c'est avec le sourire sur les lèvres que tu te diriges vers la boulangerie/pâtisserie la plus proche de toi. tu as une idée derrière la tête et tu n'es pas prête d'y renoncer. tu connais déjà la chanson. c'est toujours la même rengaine et pourtant, tu continues. parce que t'as de l'espoir petit ange. un bel espoir qui t'empoigne le coeur lorsque tu le vois. tu ne peux pas le laisser. c'est impossible. il mérite tant d'être heureux. toucher une nouvelle fois au bonheur. tu veux faire cette différence dans sa vie. tu voudrais tant lui apporter...alors c'est avec des gâteaux choisis bien précisément que tu te lances vers son bureau. maintenant tu connais le chemin par coeur. tu pourrais le faire les yeux fermés à force de t'y rendre. tu n'es certes qu'une gamine à ses yeux, mais t'es bien trop téméraire pour abandonner malgré ses paroles. alors lorsque tu arrives devant la porte, tu n'hésites pas à taper dessus en jouant un petit rythme amusant. tu n'attends pas de réponse et ouvres en grand pour tomber face à lui. Christopher. un fin sourire étire tes lèvres rosées et ton regard espiègle anime ton visage de poupon. « bonjour toi ! » ta voix enchantée s'évapore dans la pièce. elle brise le silence morose qui s'était installé. tu t'approches de lui presque en sautillant avant de lui tendre la boite de pâtisseries. « tiens, j'ai pensé à toi. je vais pas te laisser mourir de faim ! » tu plisses un peu ton nez avant d'émettre un petit rire léger. tu te mets à faire les cents pas dans son bureau comme si c'était la première fois que tu venais. tu ne t'en lasses pas. jamais. les mains croisées dans le dos, tu pivotes sur toi même avec des pas délicats pour lui faire à nouveau face. « comment vas-tu aujourd'hui ? » avec Christopher, tu ne sais jamais sur quel pied danser. mais tu as appris. peu importe son comportement, ses réponses, tu tires toujours le positif pour essayer de le voir sourire. ton unique but.

La journée était encore loin d'être finie, Christopher rêvait déjà au moment où il allait renter chez lui et s'affaler dans son lit jusqu'au lendemain. Ce moment il l'attendait toujours avec impatience, le moment où il pouvait arrêter de faire semblant, et juste être lui même: un homme profondément blessé et parfaitement incompris. Mais pour l'heure, le Mexicain était dans son bureau, assit sur sa chaise alors qu'il regardait dans le vide, repensant aux raisons pour lesquelles sa vie avait tournée si mal. Rapidement, sa séance d'auto-lamentation fut interrompue lorsque quelqu'un frappa à la porte. Il n'eut à peine le temps de se demander qui ça pouvait bien être, que la porte s'ouvrit en grand, et il aperçu finalement le visiteur en question. Ronnie. Un léger sourire apparu sur les lèvres de l'homme. Ronnie. C'est fille était adorable, et c'était bien la seule présence qu'il trouvait supportable. Son large sourire, la façon dont elle plissait le nez, sa douce voix. Tout chez elle réchauffait légèrement le coeur de glace qui avait élu domicile dans la poitrine du détective. — Tiens, miss bonne humeur. Ça faisait longtemps. — Il la regarda attentivement alors qu'elle lui tendit une boîte de gâteaux achetés à la pâtisserie, clamant qu'elle n'allait pas le laisser mourir de faim. C'est vrai qu'il avait tendance de se nourrir de cacahuète, et d'accompagner le tout avec du whisky. Les plats maisons, les petites pâtisseries, c'était du passé pour lui. Un léger instant, la nostalgie du passé refit surface, violemment, comme Christopher en avait bien l'habitude. Son sourire disparu alors qu'elle lui demanda comment il allait. S'il y avait bien une question que l'homme redouté, c'était celle-là. Alors il se contenta d'hausser les épaules et de répondre de la seule manière qu'il maitrisait vraiment, maintenant: les remarques désobligeantes. — T'es pas au collège, à cette heure-ci ? — Il jouait sur son âge, sachant pourtant très bien que ce n'était plus une enfant. Elle était jeune, certes, plus jeune que lui. Ce qui expliquait ce large sourire et ses yeux pétillants. Elle n'avait pas encore vu la vie lui retirer tout ce qu'elle aimait tant.

— Tiens, miss bonne humeur. Ça faisait longtemps. — tu hausses les épaules tout en gardant ton sourire. tu aimes ce surnom. parce qu'il représente ce que tu tentes de conserver malgré tout. tu n'as pas envie de perdre espoir. tu ne veux pas quitter cette énergie, cette joie qui émane de toi. constamment. à vive allure. « je peux rapprocher mes visites si tu veux » à vrai dire, tu ne saurais comment faire. Chris, tu le vois régulièrement. si ce n'est plus que tes propres amis ou ta famille. et à chaque fois, tu as une attention particulière. aujourd'hui et comme à ton habitude quand tu vas à son bureau, tu lui as acheté des pâtisseries. tu sais qu'il aime ça. la boite finit souvent vide avant même que tu ne t'éloignes de lui. mais ça te plait. de lui faire plaisir. de voir par micro-secondes ses yeux étinceler. ses lèvres s'étirer dans un sombre sourire. chaque parcelle de son visage qui bouge, qui change, tu l'aperçois automatiquement. Chris, tu commences doucement à le connaitre. Chris, tu veux donner un autre tournant à sa vie. et pour réussir, t'as envie d'entendre une réelle réponse à ton simple "comment vas-tu". pas une phrase remplie d'ironie. pas une phrase détournant l'attention. parce qu'il est fort, à ce jeu là Chris. mais toi jolie poupée, tu ne perds pas pied. jamais. « j'ai l'autorisation de mes parents. tu veux voir leur signature ? » tu arques un sourcil avant d'approcher de son bureau. délicatement, tu t'assois dans le siège face au sien. tu déposes tes coudes sur son outil de travail et le scrutes avec des yeux moqueurs. « barbe de plusieurs jours. costume froissé. cheveux sauvages. tes clients savent qu'ils prennent rendez-vous avec un homme pré-historique ? » tu plisses encore une fois ton nez. une habitude chez toi quand tu laisses parler ton coté sarcastique, ironique. tu veux l'entendre rire. être surprise par ce son si rauque, si chaleureux. une douce mélodie qui bercerait tendrement ton petit coeur pétillant.

Une chose que Christopher savait très bien, c'était que le sourire de Ronnie ne disparaissait pas de son joli visage, jamais. Il en avait prit l'habitude, alors que le sourire de d'autres auraient pu l'énerver encore plus. Chez elle, c'était différent. Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais ça l'était. Il appréciait ce sourire si doux. La jeune femme se mit à critiquer ouvertement son look, assise en face de lui, et il haussa légèrement un sourcil. Elle était tellement honnête avec lui. Il aurait sûrement nié ou piqué une crise, si ça n'avait pas été elle. Pourtant, il se contenta de laisser apparaitre un léger sourire en coin, avant de lui répondre. — Mes clients viennent ici parce que je suis bon dans mon boulot, pas pour mon physique. Bien heureusement. — Il savait qu'il était bien loin du jeune homme attirant qu'il était, avant que sa vie ne prenne cette tournure là et qu'il abandonne tout espoir d'être une personne heureuse. Il était devenu tout le contraire de l'homme qu'il était, à peine quelques années au paravant. Et même s'il détestait ça, il avait apprit à vivre avec. — Alors, que me vaut ta visite ? T'es pas là pour mes services, je présume ? — Ronnie n'était pas dans ce genre là. Le genre à faire espionner ses ex-copains par un privé, ou une connerie du genre. Si elle était là, c'était simplement pour lui. Pour lui tenir compagnie, pour lui remonter le moral, lui changer les idées. Elle était comme ça, Ronnie. Et ça marchait, un peu. Du moins quand elle était là, les choses semblaient un peu moins dures pour lui lorsqu'elle était assise en face de lui.