let's get drunk (ron)

Theo n'arrive pas à savoir ce qu'elle déteste le plus dans ces soirées dont elle est pourtant l'organisatrice : ces robes qui l'empêchent de se déplacer comme elle le souhaite vraiment ? Rien ne vaut un bon jean après tout. Les sourires hypocrites que s'échangent les invités avant de cracher les uns sur les autres ? Ou bien la nourriture gastro qui ne remplit absolument pas l'estomac ? La jeune femme est toujours à deux doigts de commander une pizza en rentrant. Difficile de trancher. Ce que Theo sait en revanche, c'est que la soirée sera question sera un peu moins longue que d'habitude grâce à la présence de Ron. Depuis un moment maintenant, elle tanne son ami d'enfance pour qu'il l'accompagne et soit son cavalier à l'un de ses événements de charité, sachant très bien qu'il déteste les mondanités autant qu'elle. Au moins, ils pourront rire ensemble et s'enfiler tout le champagne possible et inimaginable.
La jeune femme accueille les invités à l'entrée de la galerie d'art d'Havensford,
lieu de la réception du jour, quand arrive Ron en smocking. Elle ne peut s'empêcher de le serrer dans ses bras, un hug bien loin de la conventionnelle poignée de main sur ce genre d'événement. Je suis tellement contente que tu sois là ! Viens, on va se chercher un verre, mon assistante se chargera d'accueillir les derniers. Les deux se frayent un chemin jusqu'au bar où Theo se saisit immédiatement de deux coupes de champagne. Attends, on va faire un jeu pour pimenter les choses. Tu vas voir, la soirée va passer deux fois plus vite : à chaque fois qu'on entend quelqu'un dire "moi je", on boit. Ok ? C'était terriblement vrai. Au dela de l'aspect caritatif de ces événements, la haute société d'Havensford se servaient surtout de ces soirées pour se faire en avant aux yeux des voisins. Theo lève son verre vers son ami pour trinquer à cette nuit qui s'offre à eux.

Elle avait passé des semaines à lui en parler, à deux doigts vraiment de le supplier de venir à cette stupide soirée. C'était pourtant un habitué, à l'époque. Déjà enfant, il suivait ses parents dans ces soirées-là, se contenta de sourire face à des adultes qui dévisageaient le seul noir de la salle. Et il avait grandi, et les commentaires étaient devenus une sorte d'habitude dans ce genre d'endroit qu'il avait fini par détester. Ça ne l'empêcher pas de s'habiller pour l'occasion, de sourire aux gens et de les saluer, sachant très bien que la minute d'après ils utiliseraient certainement des noms bien loin du politiquement correct pour parler du jeune homme. Il avait fini par prendre l'habitude, mais depuis qu'il s'était éloigné de ses parents et qu'une certaine partie de la ville savait qu'il fréquentait des garçons, il avait prit ses distances, préférant ne pas se montrer pour le bien du nom des Kennish. Mais Theo, Theo et son joli sourire, Theo et ses idées toujours assez drôles. Il avait fini par craquer, et voilà qu'il arrivait sur place en smocking, les cheveux relevés en chignon. Il prit la jeune femme dans ses bras, sans gêne, dès qu'il l'aperçu. — Ce que tu m'as manqué, toi. — ajouta-t-il avant de s'écarter légèrement, un large sourire aux lèvres. Il ne voyait pas Theo assez souvent, à son goût. Elle était la joie de vivre incarnée, et à eux deux ils formaient une équipe des plus explosives, depuis tout enfant. Elle l'entraîna rapidement vers le bar, et Ron ne dit pas non à cette idée. Il attrapa une des coups de champagne dans la main de son amie, son sourire toujours collé à ses lèvres. — S'il y a bien une chose qui rend ces soirées intéressantes, c'est le champagne. Et toi, bien sûr. — Il lui fit un rapide clin d'oeil assez taquin, avant d'écouter le petit jeu qu'elle avait en tête. C'était le genre de chose qu'il adorait chez Theo. Elle savait rendre les pires des situations marrantes. Il ne s'ennuyait jamais une seconde. Il hocha la tête, se faisait directement la même réflexion qu'elle: ils n'avaient pas fini de boire, avec cette règle de jeu. — Tu peux commencer à boire maintenant, lui dit-il en la regardant un peu amusé, parce que moi, je te dis qu'on va finir bourrés. —