dingue de la vie et de toi et de tout

aujourd'hui pas de date aujourd'hui pas d'heures pas d'indication de musique sympathique avec laquelle lire cette lettre aujourd'hui pas de virgule (ou presque pas, regarde je t'en ai mis une là).
aujourd'hui ou ce soir je ne sais pas je ne regarde pas l'heure pas le temps, haha (tu as compris ? je ne regarde plus l'heure donc forcément y a plus de temps ça existe plus tout ça c'est conceptuel, bordel)
je ne sais pas par où commencer même si j'ai déjà commencé, mec, j'te jure, n'écris jamais sous cocaïne les mots passent très vite dans mon crâne j'en intercepte que quelques uns.
ENFIN
tout ça pour te dire qu'aujourd'hui (ou ce soir on ne sait pas) j'ai pris de la cocaïne et d'autres trucs, aussi, dans un ordre aléatoire je dirai du vin de la bière des sushis du café du whisky et des cigarettes. c'était bien.
et au milieu de ce gros bordel, de ce cimetière de la consommation, entre les bouteilles à moitié vide ces cendriers pleins et ces baguettes sans sushis à consommer, j'ai eu soudain très très peur.
peur d'oublier.
pas oublier ma vie, non, les grandes lignes je m'en souviendrai toujours, mon prénom mon âge ma ville de naissance les dimanche chez mami le divorce des parents ton divorce à toi les nuits à l'hôtel, non ça, ça j'vais m'en souvenir, ce sont des trucs qui me sautent à la gueule toutes les semaines, tu vois.
j'ai peur d'autre chose, d'oublier la douceur des moments, la profondeur des regards parce que bordel aujourd'hui on m'a fait un regard ça se décrit pas j'y arriverai pas avec des mots (et putain j'en ai des mots en tête là) c'était puissant c'était transcendant le genre de regard qui te percute qui reste ancré dans ta tête pendant un petit temps mais moi j'sais pas combien de temps il me reste avec ce regard ancré dans ma tête parce que, d'un, j'sais toujours pas quelle heure il est et deux, avec ce que j'ai consommé aujourd'hui, si je me souviens d'avoir écrit cette lettre demain, c'est pas mal.  
après tu dois te dire, mais quelle est con Frida, y a qu'à redemander un regard comme ça, et elle le reverra un jour deux jours trois jours quatre cent jours si elle le souhaite.
mais est ce que je le souhaite ?
AHA !
parce qu'un regard comme ça ça demande beaucoup de responsabilité ça demande des attentions, ça demande de l'AMOUR et moi... bah...
on m'a pas vraiment appris à aimer
entre papa et maman et ton mariage tout pété qui t'a rendu presque sdf, hein, tu veux que je prenne exemple sur qui ?
enfin bref, tout ça pour dire que j'ai peur d'oublier l'éphémère

allez je t'embrasse, j'tiens plus

Frida

ps : j'viens de me réveiller, j'ai mal au crâne.
et le regard transcendant est parti.
j'sais pas s'il était aussi transcendant, du coup.
la vie c'est de la merde. j'ai trop dépensé hier. plus de shit. plus rien. et si j'revendais mes petites culottes comme avant, hein ? ça marchait bien cette merde.

j'ai envie de poésie. de sourires radieux, de regards perçants, de caresses réconfortantes, de baisers brulants remplis que d'affection, pas d'envie malsaine. dis moi pourquoi j'arrive pas à ça.
putain, j'veux d'un soleil dans ma vie alors que je suis un vieux nuage tout pété.
tous des déchets dans notre famille de merde.

j'vais me recoucher, cette fois ci je t'embrasse pour de bon, juge pas ce que je t'ai écris.

coeur.