draw me a sheep (ALAN)

**Invité**

Draw me a sheep

Alan ξ Ismaël

Un flot de sentiments opposés constants. Trop de nouvelles d'un coup. Ces derniers jours Ismaël n'avait pas chômé question émotions si bien qu'il peinait encore à toucher terre. Sa maturité était certes un atout considérable pour maintenir sa tête hors de l'eau mais il n'en restait pas moins un jeune homme à peine âgé de vingt ans. Un gamin pour beaucoup, un jeune adulte à l'aube d'une nouvelle vie pour d'autres. Depuis cette annonce, l'étudiant ne parvenait plus à penser à quoi que ce soit d'autre. Sa seule solution était de s'occuper l'esprit par tous les moyens à sa disposition. Mais l'unique chose qui l'aidait véritablement à se vider la tête en oubliant tout le reste c'était le dessin ou tout autre forme d'art comme la peinture ou la sculpture. Une fois d'accord sur le support, ne manquait plus que la muse en question. Ismaël réfléchit un instant, regarda autour de lui, cherchant en vain une quelconque aspiration. Préférant dessiner des portraits, et personne dans les parages, il avait besoin d'un visage haut en couleur. C'est là que l'idée saugrenue d'appeler Alan lui vînt. Un visage aux expressions torturées et à l'esprit échafaudé comme lui, voilà ce qu'il lui fallait. Aux grands maux, les grands remèdes après tout. Il composa son numéro sans véritablement réfléchir à la façon de l'inviter ni même de lui présenter la chose. C'est ainsi qu'il prétexta un besoin urgent de le voir avant de raccrocher. Sans doute qu'Alan allait être foutrement surpris par le côté en apparence peu pressant de sa requête, hélas pour le jeune homme cette activité lui était salutaire.

L'ayant invité à le rejoindre au domaine de la famille Barnes, Ismaël attendit avec impatience son acolyte pour le moins singulier. Tout les opposait et pourtant une sorte d'alchimie intrigante s'était développée entre eux. Une relation que l'on ne pouvait pas réellement exprimer. Le vieux con et le jeune rêveur. Celui qui voulait découvrir le monde et celui qui en avait déjà trop vu. Bref, une asymétrie on ne peut plus radicale qui faisait pourtant leur force, et ce quand bien même le nombre de nom d'oiseaux et autres subtilités cyniques s'échangeaient au cours de leurs discussions. Au yeux d'Ismaël, l'ancien militaire était une personne vraie, entièrement brute et c'est ce qui lui plaisait énormément.

C'est en entendant le bruit d'un moteur le long du chemin aligné d'arbres conduisant au domaine, que l'artiste s'enquit de se positionner devant la grande maison, histoire d'être bien vu par son invité. Une fois celui-ci garé et sorti du véhicule, Ismaël alla à sa rencontre avant de lui taper sur l'épaule. « C'est super que tu sois venu merci ! Viens suis-moi », lui demanda-t-il joyeusement, content de pouvoir échanger avec une autre personne que sa petite voix intérieure. « Et commence pas à râler », rajouta-t-il d'un ton moqueur en ayant déjà bien cerné le comportement en général de son ami. Car oui il le considérait comme tel malgré leur lien atypique. Il l'invita à franchir le hall d'entrée des plus impressionnant pour les non initiés avant de le conduire à la cuisine. « Une petite bière bien fraîche ? C'est que le soleil cogne dehors. Et puis vu ta tête ça te fera pas de mal ». Sarcasmes et bonne humeur étaient au rendez-vous.

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" ismaël & alan (icons by kawaiinekoj) "

pourquoi y se plie. pourquoi y se plie alan aux envies d'un gosse qui sait tout juste marcher, qui cherche encore un sens à sa chienne de vie. pourquoi y se plie, sans trop broncher, sans trop faire la gueule et sans se soucier de la densité du soleil. inspiration profonde, cul posé dans la bagnole à attendre, puis à se faire traîner sans avoir le temps d'en placer une. faut dire qu'il avait l'air paniqué ismaël, qu'il avait l'air songeur, qu'il avait besoin de se défouler. dommage, il s'en serait bien grillé une devant sa baraque aussi gigantesque qu'un palais. ça le laisse sur le cul une seconde ou deux, il papillonne des cils, balaie le peu qu'il puisse voir d'un oeil à moitié attentif. inspiration profonde, mains bien enfoncées dans ses poches, il hausse les sourcils.
vu ta tête.
ouais, flatteur comme il faut. alan il en serait presque pas loin de se mettre la tête devant un miroir, vérifier s'il a pas chopé la peste ou le choléra. non, non, c'est juste la peau qui reste, la peau qui s'installe, la peau qu'a oublié comment faire pour qu'il ait une dégaine d'idiot bienheureux de respirer en ce bas-monde. il enlève sa veste, la pose sur le dossier d'une chaise, y prend place en prenant soin de s'étirer - matou nonchalant à qui on aurait oublié de servir les meilleurs soins. il pose son attention sur le plafond. alors c'est ça de côtoyer un bourgeois. c'est plutôt plaisant, tout en étant profondément flippant.
- ouais bah dans ce cas, t'aurais mieux à faire de m'filer un pack entier si tu veux plus voir cette tête. son rire siffle à travers ses dents, discret, pas forcément poussé, juste là. c'est assez pour lui qui se donne plus la peine de le faire sans vraiment le penser. il mord sa propre langue, hoche la tête. approuve un peu tout ça, la grandeur, l'espace. l'espace qui pourrait accueillir une arche. l'espace qui pourrait pas contenir qu'une seule personne - rappel constant de la solitude. avec plaisir. y croise ses bras sur son torse, dévisage franchement le plus jeune qui fait semblant.
- et toi ? hm ? non parce que, ma tronche, ma tronche elle est c'qu'elle est hein. toi par contre, t'as pas l'air d'en mener large. dans le fond il l'aime bien. et il lui en doit une surtout - plus que ça, le remercier d'avoir su garder un peu de sa dignité paumée au combat. à charge de revanche. à charge de.

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Draw me a sheep

Alan ξ Ismaël

Il était toujours aussi drôle pour Ismaël de voir le regard de ses invités vagabonder dans chaque recoin des pièces, tableau peu familier pour la plupart d'entre eux. Il savait pertinemment, contrairement à la plupart des gens, qu'il était né avec une cuillère en argent dans la bouche. Il était de ceux qui vivaient sous une bonne étoile mais pour le jeune homme cet astre ne faisait pas tout. Certes, il n'avait que très rarement craché sur la richesse de ses parents, toutefois il n'était pas non plus du genre à en profiter à outrance comme certains autres gosses de riches. Il peinait d'ailleurs souvent à trouver de quelconques points communs avec ce genre d'individus. Pour l'artiste, la personne primait avant l'aspect matériel ou l'apparence. L'humain en tant que telle était la plus grande des richesses. C'est sans doute pour cette raison qu'Ismaël appréciait autant la personnalité cabossée de l'ex militaire. « Je suis à peu près sûr que même un pack entier n'y changerai rien », lui répondit-il d'un ton moqueur en lui jetant un petit regard complice. « En revanche si tu préfères il y a tout un stock d'alcool fort sur ta droite. Fais-toi plaisir, c'est la maison qui offre ! ». En effet, un bon nombre de bouteilles en tout genre étaient alignées le long de plusieurs étagères entourées d'un mini bar design. Aux yeux de la loi, Ismaël n'avait pas encore le droit de consommer de l'alcool mais de ce côté là ses parents avaient toujours été plutôt tolérant si celui-ci se trouvait à la maison. L'abus n'était toutefois pas accepté. Qu'à cela ne tienne, le jeune homme se moquait de leur opinion ces derniers temps. Il était suffisamment perturbé dans sa tête pour faire ce que bon lui semblait. D'ailleurs en parlant de tête, Ismaël aperçut son reflet dans le plan de travail et il comprit alors la remarque de son ami. De grosses cernes s'étaient creusées sous ses yeux et son teint était plus pale que d'habitude. Pas étonnant au vu de la dernière nouvelle qu'il avait appris récemment. « Ah ce point là ? Merde alors, faudrait que je pense à dormir davantage ». Petit rire nerveux qui cherchait à cacher la vérité. Car oui la réalité c'est que l'étudiant ne dormait plus vraiment depuis trois jours, l'esprit bien trop occupé par de troublantes nouvelles et toutes les conséquences qui en découleraient. Un poil gêné par la véracité de ces propos, Ismaël se passa la main dans les cheveux avant de faire coulisser la grande baie vitrée donnant sur le jardin, invitant Allan à le suivre à l'extérieur. « On peut aller se poser au bord de la piscine si tu veux. Et comme ça tu pourras t'en griller une. Et moi aussi par la même occasion ». Aussitôt dit le garçon sortit une cigarette de son paquet et se l'alluma avant de lui passer son briquet. Quelques pas sur la terrasse carrelée et les voilà posés sur deux gros fauteuils de jardin terriblement confortables. Non loin de là sur la petite table, toute l'artillerie de feuilles et de crayons pour exercer sa passion. Il tira une grosse latte sur sa clope, ses poumons gonflant à l'entrée de cette fumée noire. « Tu vas trouver ça débile mais si je t'ai appelé c'est parce que j'avais besoin de me vider la tête. Est-ce qu'on t'a déjà tiré le portrait ? », demanda-t-il sans grand lien en apparence, poussant alors Alan à suivre son regard vers le matériel à dessin.

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[draw me a sheep]

" ismaël & alan (icons by kawaiinekoj) "

c'est le résultat inconcevable d'une étoile filante et d'un soleil de poche. c'est l'improbable goutte de pluie qui passe à travers les lunettes. ismaël c'est un peu ce sourire à en vomir des surplus de bonne humeur. pour peu ça lui filerait le cafard autant de sentiments presque trop jolis à zieuter du coin de l'oeil. alors il bavasse le môme, il bavasse tellement que ça remplit l'espace et que ça fait sourire l'autre. c'est pas grand-chose, ça vaut ce que ça vaut, mais ça fait son petit chemin et ça permet d'adoucir quelques angles trop pointus - de quoi se caillasser le crâne tout contre. parce qu'y'a quelque chose qui, de toute manière, déconne. alan il a déjà assez croisé de nuits pour en connaître un peu les origines. trop de pensées disparates qui s'éclatent, trop de pensées qui viennent pourrir le début du rêve, pas jusqu'à le transformer en cauchemar, mais le transformer en un rien terriblement frustrant. alors il se fait pas attendre quand on lui propose de tirer meilleur alcool. il veut la jouer grand homme aux goûts luxueux. il chope une bouteille - rhum visiblement - qu'il ouvre sans vergogne, en vide un peu dans son verre - pas d'abus, ça cogne, faudrait pas qu'il finisse dans un état minable sans avoir croisé dame lune. il abuse pas, pas cette fois, pas devant lui qu'a déjà. déjà.
rien qu'à y songer, ça lui donne envie de grogner.
ou de se foutre sous une table en attendant qu'il puisse oublier. mais ismaël il est jeune, ismaël il gardera ça dans sa petite tête jusqu'à ce qu'il chope l'alzheimer. il suit, hoche la tête, se pose à l'extérieur, inspire profondément. la clope se fait pas attendre, il l'allume tout en galérant un peu - flamme sauvage qui refuse de finir en battage au bout de quelques cendres. il tire. se marre en le voyant faire de même. y fait trop innocent pour succomber à des saloperies pareilles.
- t'es sérieux ? bien sûr qu'il est sérieux le barnes, pourquoi il serait pas sérieux le barnes ? le barnes il a pas l'air de déconner, il a une manière d'étirer ses lèvres beaucoup trop sincère pour ressembler à de la déconnade pure et dure. ces artistes incompris. froncement de sourcils, il prend une gorgée. soupir. nan jamais. j'ai rien d'une gravure de mode si tu veux mon avis, alors... nan. haussement d'épaules pseudo-dépité. il jette une rapide oeillade vers le matos, alan. il se demande combien ça coûte, combien ça lui revient tout court de gribouiller dans un carnet. mais l'art. l'art. si incompréhensible qu'il se complaît à traîner dans des musées contemporains pour juste le plaisir de l'instant, de la beauté louche qui peut en sortir, ou ce sublime intouchable. ils ont ce truc. ce truc bizarre que lui il a pas, cette notion de grandeur.
- et ouais à ce point. on m'la fait pas. il pose ses coudes sur ses genoux, se penche vers lui en le scindant, comme si la réponse au pourquoi allait lui tomber sur le coin de la gueule, comme ça. abracadabra. te moque pas d'moi, c'est pas d'sommeil dont t'as besoin à ce stade. mais un coma de trois ou quatre mois, histoire de bien récupérer. qu'il balance en faisant glisser sur sa tête un semblant de rictus. il a pu faire quoi comme conneries ? fils de bourgeois ça rime avec bêtises bourgeoises.
ou pire.

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